En perte pour la première fois depuis 14 ans, Sony ne voit pas d’embellie. Le géant nippon enregistre une perte de 761 millions d’euros en 2008-2009.
Sony traverse une mauvaise passe. L’inventeur du Walkman et de la PlayStation, dont l’empire s’est désormais étendu à tous les métiers de l’électronique grand public, vient d’annoncer sa première perte nette depuis quatorze ans. Au cours de l’exercice 2008-2009, qui s’est achevé en mars, Sony accuse une perte nette de 761 millions d’euros. Et l’année 2009-2010 s’annonce tout aussi noire pour le géant nippon. Alors que la perte d’exploitation atteint 1,75 milliard d’euros cette année, elle devrait être légèrement inférieure l’année prochaine.
Les performances de Sony tranchent avec celles de son compatriote Nintendo, qui a enregistré la semaine dernière des profits record. Les dirigeants du groupe invoquent la crise économique :
La conjoncture est extrêmement sévère depuis la mi-septembre
a rappelé le directeur financier de Sony, Nobuyuki Oneda. Ils soulignent également que la flambée du yen a pesé sur les résultats du groupe. Dans l’immédiat, Sony annonce de nouvelles mesures d’économies qui s’ajoutent à celles qui ont déjà été annoncées en décembre 2008. Les réductions d’emplois s’intensifient : 8 000 nouvelles suppressions de postes sont programmées.
Cinq usines vont fermer
Cinq sites de production vont fermer leurs portes, dont quatre au Japon, un au Mexique et le dernier en Indonésie. Au total, le nombre d’usines Sony passera de 57 à 49 dans le monde.
Mais Sony est surtout confronté à une érosion des ventes dans la plupart de ses métiers.
Dans l’électronique, son activité phare, Sony constate une chute de 17 % de ses ventes. Les Caméscopes, les appareils photo numériques compacts et les PC ont plongé. Seuls les téléviseurs LCD ont résisté à cet écroulement.
Nous avons atteint notre objectif en livrant 15,2 millions de TV LCD
a insisté Gen Tsuchikawa, directeur des relations avec les investisseurs. Mais le directeur financier du groupe a néanmoins reconnu que cette activité est loin d’être rentable.
La situation n’est pas plus encourageante dans la division des jeux. La PS3, la dernière console de salon de Sony, s’est vendue à 10 millions d’exemplaires en 2008, soit 10 % de plus que l’année précédente. Mais comparées aux 26 millions de Wii - la concurrente de Nintendo - vendues en 2008, Sony fait pâle figure. D’autant que l’activité des jeux (consoles et jeux) n’est pas profitable. Du côté des divertissements (la production de films et de programmes de télévision), le paysage est tout aussi sombre : les ventes ont fondu de 16,4 % et le résultat opérationnel de 48,9 %.
Le groupe d’électronique japonais, dirigé par Howard Stringer, souffre visiblement de son positionnement en haut de gamme, qui le distingue de ses concurrents. Dans chacun de ses métiers, Sony se retrouve désormais en compétition avec des fabricants agressifs en matière de prix : Nintendo et Microsoft dans les jeux, Samsung dans les PC, les téléviseurs et les mobiles, Acer et Asus dans les PC et surtout Apple. Or les consommateurs ont tendance à revoir leurs dépenses à la baisse. La capacité de Sony à traverser ce trou d’air et à inventer les équipements de demain est mise à rude épreuve.
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